L’IA dans le deuil : oui ou non ?
L’IA et le deuil : que permet-elle déjà aujourd’hui et à quoi faut-il être attentif ?
L’intelligence artificielle (IA) occupe une place grandissante dans notre quotidien. Nous avons pris l’habitude de poser nos questions à ChatGPT ou d’utiliser des technologies intelligentes au travail.
Mais qu’en est-il de l’IA dans le contexte du deuil ? Les outils technologiques peuvent-ils réellement aider les personnes endeuillées ? Certaines applications peuvent soutenir le travail de mémoire, tandis que d’autres soulèvent des questions éthiques (importantes). Cet article vous propose un aperçu clair de ce qu’il est déjà possible de faire, de la manière dont cela fonctionne et des écueils à éviter.
Vidéos et photos souvenirs générées par l’IA
Il existe divers outils d’IA capables d’améliorer des photos et vidéos existantes afin de créer une vidéo souvenir réconfortante. Il suffit d’importer ses photos et vidéos : la plateforme génère alors automatiquement un récit avec musique et transitions soignées.
C’est une manière simple et accessible de créer de beaux souvenirs. Gardez toutefois en tête que la qualité d’image est souvent optimisée par l’application, ce qui peut rendre l’ensemble moins authentique. Les fichiers étant parfois stockés sur des serveurs externes, la confidentialité reste un point d’attention essentiel.
Reconstruction vocale par IA
La reconstruction vocale par IA ou « voice cloning » permet de reproduire une voix à partir d’enregistrements existants, comme des messages vocaux ou des vidéos. L’IA génère une version synthétique qui sonne comme l’originale, mais capable de prononcer de nouvelles phrases.
Cette technologie est beaucoup moins anodine qu’un collage photo ou un montage vidéo. Son impact émotionnel peut être très fort. Si certains y trouvent du réconfort en réécoutant la voix d’un proche disparu, d’autres vivent cela comme une épreuve douloureuse. Ces applications peuvent aussi perturber le processus de deuil, surtout en cas d’utilisation prolongée. Elles peuvent créer des hallucinations ou une forme de dépendance chez certains proches, car elles procurent temporairement un faux espoir. Ajoutons que ce type d’outil peut être détourné à mauvais escient. La prudence est donc indispensable quant aux données que vous partagez.
Griefbots : chatbots IA
Ces « personas » numériques analysent des messages, des publications sur les réseaux sociaux et des enregistrements audio pour reproduire la manière de parler, le comportement et même certains traits de personnalité du défunt. Leur objectif : réconforter les personnes endeuillées et leur permettre de garder un lien avec l’être disparu.
Ici aussi, la prudence est de mise. Ce type d’outil donne l’illusion que le défunt est toujours présent. Si cela peut sembler inoffensif pour certains, le fait de « maintenir le défunt en vie » peut mener d’autres personnes à une dépendance émotionnelle ou à un trouble du deuil, caractérisé par un désir intense de retrouver le défunt et la difficulté à accepter la réalité de son décès.
Albums souvenirs générés par l’IA
L’IA permet de créer des albums souvenirs pour classer vos photos, compiler vos récits… Vous pouvez, par exemple, ajouter des notes (vocales) personnelles qui seront transformées par l’IA en un récit ou un livre cohérent. Une solution pratique pour rassembler de beaux souvenirs familiaux.
Veillez toutefois à utiliser l’IA comme un outil et à fournir vous-même le contenu, puis à peaufiner le tout. Sans cela, le résultat pourrait être bien moins personnel.
Les chatbots IA en guise de soutien dans le deuil
Les chatbots basés sur l’IA peuvent aider dans le deuil. Leur principal avantage : ils sont disponibles jour et nuit, ce qui permet aux proches de déposer leurs émotions à tout moment, même lors des instants les plus difficiles. L’anonymat qu’ils offrent rend l’outil plus confortable pour beaucoup. Les chatbots fournissent des informations accessibles, normalisent les émotions et orientent vers des ressources utiles. Ils ne remplacent jamais un accompagnement humain, mais peuvent constituer un premier soutien dans les moments compliqués.
Le piège potentiel ? L’IA ne comprend pas véritablement les émotions : elle ne fait preuve ni de réelle empathie ni d’intuition. Elle n’apportera souvent aucune réponse dans les processus de deuil complexes. Et en situation de crise, l’absence de soutien personnalisé peut entraîner de graves conséquences.
L’IA dans le deuil : oui ou non ?
On ne peut plus nier l’évolution de l’IA. Elle a d’ailleurs sa place. Elle peut s’avérer très utile pour accompagner les familles en deuil grâce à des applications concrètes comme la conservation des souvenirs.
Il est toutefois essentiel de rester prudent avec les outils plus poussés qui cherchent à imiter ou à « remplacer » le défunt, car ils risquent de perturber le processus naturel de deuil.
Même s’il n’existe pas encore de cadre juridique clair concernant l’IA et le consentement de la personne décédée, il reste préférable de tenir compte des enjeux éthiques et moraux. Comment procéder concrètement ? Définissez à l’avance votre héritage numérique afin que vos proches sachent précisément ce qu’ils peuvent faire ou non après votre décès.
